mardi 18 juin 2013

Et toi, tu feras quoi quand tu seras grande ?

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Un petit billet d'humeur au Pandaland, ça faisait longtemps ...

En ce moment, le panda rumine pas mal. Elle n'avance pas. Elle se pose pas mal de questions. Elle ouvre les yeux aussi sur elle-même. Elle a quelques regrets. Elle voudrait avancer, mais elle a peur de le faire. 

Un sentiment d'inachevé, un goût de trop peu ou, au contraire, de bien trop, une impression de s'être trompée. Une impression qui grandit au fil des jours, des mois, des années. 

En somme, le panda est perdu. Le panda ne sait pas/plus quoi faire de sa vie "professionnelle". 

On m'a toujours dit que j'avais un "cerveau", qui me donnait des facilités, et que je saurai l'utiliser. Que puisque je pouvais le faire,  je devais le faire. J'étais plutôt d'accord avec ça. Après tout, on a tous un don pour quelque chose. Certains dans l'art, d'autres pour la création, il y a les têtes bien pensantes et d'autres qui font évoluer le monde. Il y a des gens dont on sait qu'ils feront quelque chose dans leur vie, et il y a ceux qui errent. 

Quand je cherche à qualifier mes aptitudes, je me mets dans la case "peut engranger des données et les ressortir". Parce que techniquement, c'est ce que je sais faire. Et je l'ai toujours très bien fait. 

L'école, c'est plutôt facile. On apprend, on retient, on montre que l'on a appris. 


Mais moi c'était plutôt, on lit, on retient et on montre qu'on l'a retenu juste assez longtemps pour l'écrire, puis on case ça dans le tiroir "à conserver si besoin" du cerveau. J'étais douée pour le "par cœur", à condition que le sujet m'intéresse et que je le lise au moins deux fois. 
Puis, sur les chemins de l'école, on se rend compte qu'il y a des matières où on excelle moins. Moi c'était les matières scientifiques. La biologie, ce n'était pas mon fort. Ce qui a anéanti mes rêves d'être véto un jour. Mais, si ça ne me passionnait pas assez pour que je retiennes la différence entre le cubitus et l'humérus chez l'Homme, alors jamais je n'aurais pu soigner les petits lapins, au final c'est tant mieux pour eux. 

Je me suis tournée vers les langues. C'est simple une langue. Du vocabulaire, des règles. Tu les apprends, et tu appliques. D'abord, il y a eu l'anglais. Mais il est devenu moins intéressant avec l'apparition de l'espagnol dans l'emploi du temps. Et puis finalement, tiens cette langue là elle est bizarre, c'est marrant cette prononciation, alors on fait du grec. Le problème, c'est qu'on s'y intéresse tellement, qu'on délaisse tout le reste. Alors le grec, pour le bien du bac, on le laisse tomber en se promettant qu'à la fac on ne jurera plus que par lui. De toute façon, je deviendrais prof, j'en aurais besoin dans ma formation. Et c'est ce que j'ai fait. J'ai même eu le toupet de commencer le latin. Sauf qu'il y avait la littérature. Et sérieux, quand c'est les langues mortes ton dada, la litté, c'est chiant, ça démotive. Et puis finalement, tu ne veux pas être prof, tout le monde veut l'être dans ta promo, pourquoi faire le mouton ? T'es capable de faire autre chose ! Tu boycottes l'IUFM. 

Alors, je me suis dit, pas grave, sèche endure la litté, quand tu feras ton master, elle ne sera plus là, et tu retrouveras tout l'amour que tu avais pour le grec et un métier qui ira avec. J'ai alors découvert un autre amour, la paléographie. Une vraie passion. Ça se rapprochait de l'archéologie, y'avait du vieux manuscrit moisi en jeu, une porte s'ouvrait. 

Et puis, un tuteur de thèse qui se sert de toi pour faire passer ses idées à sa hiérarchie, des ennuis avec l'administration de la fac à cause de ces-dites idées. On finit par te parler doctorat. Mais ça coûte de l'argent. On te promet une bourse facilement. Tu hésites à continuer. On t'annonce que tu es hors délai de toute façon, on te conseille de réfléchir... alors tu remets ça à l'an suivant, après cinq ans de fac, t'as bien le droit à une pause.  
Entre-temps, tu as une vie amoureuse qui avance elle, et elle avance lentement mais beaucoup plus surement. Et elle demande beaucoup d'attention. Alors tu la privilégies. Tu te dis qu'une fois que tu auras fait ce qu'il fallait pour qu'elle soit au top, tu y verras plus clair pour ton futur professionnel. Une chose à la fois, la plus importante d'abord. 
Une année passe, et finalement, après des pleurs, des p'tits boulots et des doutes, poussée par les membres de la famille qui croient en toi et qui ont sacrifié pour que tu "étudies", tu signes le contrat de doctorant ( et déleste ton compte bancaire d'une fort bien onéreuse inscription). On te dit que tu n'auras jamais la bourse. On te dit que ton sujet n'est pas assez intéressant, et que ce n'est même pas la peine de déposer ton dossier pour tenter de l'avoir. Ton propre tuteur, membre du jury, préfère privilégier un autre de ses doctorants. 

Tu vois ta motivation, déjà si fragile, dégringoler. 

Tu te consoles avec ton manuscrit. Tu es très fière de l'avoir. Il est inédit, tu es presque la première à poser les yeux dessus depuis plusieurs siècles. Tu commences ton travail de transcription. Puis au moment de faire la traduction, rien ne va plus. Tu ne sais plus faire. Et là tu regrettes cette année de pause. Tu remets tout en doute. Tes capacités, ton envie, l'utilité de faire tout ça. Tu essaies de revenir méthodiquement sur le problème. Les résultats sont peu probants, où est passée l'envie ?  Et puis ça mènera à quoi  quand j'aurai fini ? 

T'en sais rien. 

Le mariage arrive, il faut le préparer. La thèse passe au statut  "en attente de décision". Après tout, j'ai encore le temps, je ferai ça après être mariée, quand je serai moins anxieuse. 

Je suis mariée depuis plus de deux mois maintenant. Au risque de me faire engueuler par mon Nhomme-Mari, je n'ai pas retouché à ma thèse depuis mon retour. Ça ne m'inquiète pas plus que ça. J'ai encore le temps d'ici l'échéance de la première année. Et puis, j'avais des tricots à faire. Et puis j'avais des papiers à faire. Et puis je suis fatiguée. Et puis on n'a pas décidé entièrement de ce qu'on allait faire avec le Nhomme-Mari, et ça me tracasse. 

Et puis je suis indécise. La passion est finie. Le sujet m'ennuie. Ce n'est plus amusant de prononcer le grec. Mon tuteur ne me répond quasiment jamais, et quand il le fait, c'est à coté. Le travail que je fais n'est même pas reconnu puisqu'il faut avoir un contrat avec la fac pour espérer un micro avenir dans la recherche. 

Dès que j'ai l'occasion, je prends mes aiguilles, mon crochet, mon fouet, mes plats à tarte, mon marteau, mes ciseaux... Et qu'est-ce que c'est libérateur ! Comme je suis apaisée quand j'ai inventé un patron, quand j'ai fini un challenge, lorsque  je peux me perdre des heures pour une laine, un patron, une idée. J'ai un bloc-notes avec une liste de DIY longue comme le bras. Et mon plaisir de la journée est de cocher ce que j'ai eu le temps de  réaliser. Je teste une recette différente tous les deux ou trois jours et prend un malin plaisir à prendre cinq ingrédients du frigo pour concocter quelque chose d'inattendu, comme le Nhomme me l'a montré un jour. 

Et dans ma tête résonne cette discussion sans fin : 

Plus tu y réfléchis, plus tu te rends compte que tu es quelqu'un qui a toujours confectionné quelque chose, depuis toute petite. 

Ne te serais-tu  pas trompée de voie ? 

Tu as envie de créer, tu as envie de partager. Peut-être que tu pourrais vivre de ça ? Ouvrir une boutique en ligne ? un tricot-thé dans une grande ville ? Passer en statut créateur ? Te lancer dans la vie active et voir ce qu'il en advient ? D'autres l'ont fait et ça marche très bien pour elles. Pourquoi pas toi ? 

On ne garde plus son métier comme avant. C'est peut-être le moment de la reconversion ? Mais si t'arrêtes tout comme ça, tu vas les décevoir...

 Et tu as envie de changement. Tu veux construire quelque chose. Tu vas avoir 25 ans, c'est le moment. Tu as perdu du temps avec ces études. Mais quoi ? Etre derrière le Nhomme pour propulser ses idées d'avenir ? Tu sais qu'il y a quelque chose de solide à faire avec son cerveau à lui. Fonder une famille ? Tu n'es pas prête, mais tu y penses beaucoup plus qu'avant. Et puis où évoluer ? En France, en Algérie ? Lequel est le mieux ? Est-ce que tu as le droit d'imposer la France à ton Nhomme alors que tu es si incertaine de ton propre avenir. Lui qui a des idées dans son propre pays. Pourtant tu le veux ici depuis si longtemps, tu le rêves,  et tes parents l'attendent de pied ferme. Et si tu lui faisais faire une erreur ? 

A te poser toutes ces questions depuis si longtemps, t'as rien tenté, quand est-ce que tu arrêteras de trouver des excuses pour ne pas te lancer dans quelque chose ? 

...

Il me faudra bientôt payer les frais de scolarité pour la seconde année. Mais pas avant mon premier rendez-vous de mise au point. Je n'ai rien à y dire. Je n'ai aucune motivation à leur montrer qui prouverait mon intérêt pour cette thèse. 

Je n'en ai pas envie. 

Je crois que je ne le ferai pas. 

Quand est-ce que je trouverais le courage d'assumer cet échec et de me lancer dans autre chose ? 



11 commentaires:

  1. bouh!

    je me retrouve tellement dans ce que tu écris!!!

    j'ai travaillé sur une thèse de doctorat (philosophie!) pendant des années... cela ne fait que 3-4 ans que j'ai tout arrêté sans avoir soutenu ... pour moi c'est un échec total! et je ne m'en suis toujours pas remise.

    l'université est un monde de loups et de pistonnés ! mon directeur de recherche ne m'a pas aidée du tout. lors de notre dernier entretien, il a même eu le culot de me dire que j'avais la chance (bien sur je n'ai pas travaillé pour avoir mes diplômes et ensuite m'inscrire en thèse avec son accord!)d'avoir "consacré tant d'années à un travail intellectuel, etc. que je pourrai être heureuse en vendant des livres (genre la fnac)". mais bien sur, j'ai fait des années d'études pour ça, c'est gonflé pour un prof de fac (fils de ministre ancien pote de Monsieur Camus Albert)... bref!

    le manque de motivation , la perte de repères simples, je crois que tous les thésards mal-accompagnés (à l'université ou par son entourage) les connaissent malheureusement. l'envie de faire un travail parfait bloque toute recherche que l'on faisait très bien pendant les écrits précédents!!!

    pour ma part mon entourage amical a en plus toujours dévalorisé mes études qui ne servent à rien (dixit eux). c'est vrai la philo ne sert qu'à réfléchir...

    aujourd'hui je me vois comme une grosse nulle parce que je m'étais promis de finir ma thèse. je suis déçue par moi-même parce que je ne suis pas allée au bout. pour moi, j'ai fini mes études sur un échec, alors que bon je ne suis pas sans rien quand même.
    j'ai atteint un point de non-retour: je ne mets plus le nez dans un bouquin de philo!

    alors avant de prendre une décision, prends le temps de la réflexion. ne le regrette pas après. tu as le droit de te poser pour réfléchir.
    moi, c'est seulement cette année que j'ai vraiment pris le temps de réfléchir. on me fait comprendre que je suis une ratée, je pleure je fais des crises, mais j'ai le soutien de ma famille et de mon ami (mari). et eux ils croient en moi. j'ai créé une asso de soutien scolaire et je tente d'en vivre en aidant les enfants à travailler. et j'aimerais la développer sur l'apprentissage du français aux étrangers...

    peut-être que tu peux trouver une activité en parallèle de ta thèse pour qu'elle te paraisse plus légère et plus omniprésente dans ton esprit. et autre que le tricot, qui te laisse le temps de réfléchir et trop cogiter ...

    bon courage à toi et prends soin de toi,

    bises,
    Gwénola ♥

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    1. Merci pour ton (long) commentaire^^. Auquel je vais répondre longuement aussi :p

      Pour tout dire, j'ai écrit tout ça sous le coup de la fatigue, tant morale que physique. Je suis lessivée en ce moment, et je me rends compte que ce que je fais (et surtout fuis, puisque je n'y ai pas touché depuis un moment à cette thèse) ne me ressemble pas, du moins, plus maintenant. J'avais besoin de le dire à quelqu'un d'autre que mon entourage, beaucoup plus influent sur ma façon d'aborder les choses, et à moi-même sans doute.

      Mon véritable échec, pour moi, c'est de m'être lancée dans le doctorat. On m'a soutenue et encouragée à la faire cette thèse. On m'a fait miroiter des choses que je pensais vouloir, et j'y ai cru juste assez pour tenter. Je suis la seule responsable évidemment. Mais je me dis que si j'avais été moins anxieuse, plus entreprenante, plus sure de moi et réfléchie, j'aurai tenté autre chose au lieu de suivre le chemin tout tracé. J'aurai fait ce que j'ai fait avec mon histoire d'amour, faire le grand saut et prendre les choses comme elles viennent. Partir et vivre l'aventure.

      Je culpabilise surtout de ce que ma décision a comme impact autour de moi. En soi, la thèse, si je l'arrête, ben tant pis. Je ne serai pas "docteur". Je ne serai que "maitre ès". J'en ferai autre chose. Mais si je l'arrête, ça veut dire que je ne finis pas ce que j'ai commencé. Et ça, j'aime moins. Ça veut dire que j'ai perdu du temps à cogiter, que le fait même de cogiter aurait dû m'alarmer. Ça veut aussi dire, si j'arrête, des limites en moins, des libertés en plus. Mais est-ce que je peux l'assumer ? Et le faire assumer aux autres ? Et donc, il faut que je trouve autre chose pour remplir ma vie. Mais quoi ? Est-ce que je vais me laisser tenter par une nouvelle aventure ou juste filer droit ?

      Tu sais, mon Nhomme m'a dit, il y a un peu plus d'un an de ça, que j'étais déjà passée à autre chose mais que, simplement, je ne m'en étais pas rendue compte. Et lui, qui pourtant vit si loin de moi, s'en était rendu compte. J'ai fait "mmmh" et on a parlé d'autre chose.

      Il y a un an déjà ... Mon Nhomme est quelqu'un de perspicace ^^.

      Sophie a écrit une phrase sur FB aujourd'hui, je ne sais pas si ça m'était destiné mais ça me parle :

      "Mieux vaut croire et se planter, que ne pas croire du tout."

      Ben voilà. J'y ai cru, je me suis plantée. Ce n'est pas grave, mais j'aurai aimé me planter plus tôt !

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  2. Oh elles sont tristes vos histoires, les filles :(
    C'est vrai qu'en France et pour la plupart des français, la thèse n'est pas reconnue comme un vrai travail. C'est bien dommage. Ce n'est pas le cas à l'étranger.
    Si ton directeur de thèse ne t'aide pas, peux-tu demander à un autre professeur ce qu'il/elle en pense ou un peu d'aide?
    Et puis tu n'as QUE 25 ans, pas encore d'enfants, si tu dois te lancer dans autre chose ou t'investir /te re-investir à fond, c'est le moment. Pas de mini-monstres pour t'interrompre sans arrêt (et pas facile de les envoyer ch*** contrairement aux adultes)
    Ne t'occupe pas de ce que disent les gens ou ta famille, on a tous le droit à l'erreur dans nos choix d'études, après tout on n'est pas bien vieux quand on a dû faire ces choix importants.

    Dans tous les cas, bon courage, tu as une décision difficile à prendre.
    Sinon pour te remonter le moral, je viens de recevoir ton joli cadeau MERCIIIII :)

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    1. Merci Bene ^^
      A vrai dire, mon prof, je l'ai toujours plus ou moins snobé. Je suis une nana qui aime travailler seule, un peu trop fière pour demander un coup de main. Je n'aime soumettre mon travail qu'une fois sure que je ne peux absolument rien ajouter de plus. Je ne suis jamais satisfaite de mon travail, n’atteins jamais la perfection. Autant dire que lorsque j'arrive à la date limite, je m'arrache les cheveux puisque de toute façon c'est nul ce que j'ai fait, puisque imparfait. Quand j'en arrive à demander un coup de main, je me sens moins que rien. Du coup, le fait de me répondre à coté, m'agace au plus au point (imparfaite réponse).
      Je ne crois pas que la solution soit d'aller demander ailleurs (vu que je suis une snobe déclarée non rémunérée auprès de tous)puisque de toute façon je ne serai jamais contente du résultat.

      C'est vrai que j'n'ai pas de mini monstres, c'est d'autant plus vrai que c'est ce qui me motive à me lancer le défi de commencer quelque chose de nouveau.

      Et oui oui, tout ce que tu m'as envoyé ici et en mp m'a beaucoup remonté le moral, c'est gentil ♥

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  3. J'attendais d'allumer mon ordi pour mettre un petit message ...
    Outch pas faciles les périodes de remise en question ... Je connais un peu avec la fac puis les années concours. La boule au ventre d'avoir fait tout ça pour rien. Il faut dire que je n'avais pas choisi non plus la licence débouchant sur le plus de débouchés. En fait à part l'éducation nationale je ne crois pas qu'une personne de ma promo ait trouvé un boulot en rapport avec l'Histoire.

    Alors seulement un gros coup de mou ou une véritable envie de changement ? Si tu changes de voie et ne mènes pas à bien ton doctorat, tu le vivras peut-être comme un échec de ne pas avoir terminé mais en même temps si tu es sûre de ne pas avoir de débouchés, et surtout de ne pas avoir envie; autant faire un bilan et réfléchir à une autre voie qui te plairait plus.

    Après je voulais quand même te dire de ne pas te déprécier. Tu parles de ton mari qui a un bon cerveau pour réussir mais ne te sous-estimes pas, je suis certaine que tu es autant capable. Je pense juste que pour les études à la fac, surtout quand elles durent, il faut un objectif solide et une grosse passion pour ce que l'on étudie. Tout ceci ne te botte peut-être plus mais je suis certaine que tu peux rebondir et faire quelque chose de super. Surtout prends le temps de te poser, de réfléchir à ce que tu veux vraiment. Tu as déjà commencé donc c'est positif, il faut continuer. Et souvent les meilleurs choix s'imposent finalement comme une évidence !!

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  4. Et aussi j'ai oublié ! Ce n'est pas du temps perdu ! Tu as fait ce qui te plaisait et c'est le plus important. Tu as raison quand tu dis qu'il y a plusieurs vies pro dans une vie. Pour autant il ne faut pas les regretter, je suis sûre que ces années t'auront apporté beaucoup de choses, même si tu ne t'en rends pas forcément compte.
    Bises

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    1. Je pense que t'as bien résumé la chose. En fait ça a commencé par un gros coup de mou à la fin du Master. Quand j'ai passé ma seconde soutenance, j'étais contente d'être arrivée au bout, pour moi j'avais fini, le diplôme était en poche avec la mention que je voulais. Et puis, on m'a proposé le doctorat à cause de cette mention. A la base, je ne l'avais pas envisagé réellement. J'ai eu à peine une semaine pour me décider. Je me sentais oppressée, forcée,j'en ai pleuré (les nerfs tout ça) je n'avais pas eu le temps d'y réfléchir, et là il fallait se décider pour être dans les temps (j'ai passé ma soutenance à la date limite de rentrée début octobre). J'ai finalement dit ok. Mais je n'avais pas l'argent. J'ai dû repoussé. Mais au final, c'était bien, ça m'a déstressé. Jusqu'à ce que l'année passe et qu'il faille y repenser. Et là, j'y suis allé vraiment à reculons. En réalité je l'ai fait parce que j'ai dit que je le ferai. Mais à ce moment là, j'aurai dû mettre mon appréhension de côté et dire non, ce n'est pas ce que je veux.
      T'as raison en disant que les années de fac ne sont pas des années perdues, j'ai aimé faire ça. Les vraies années que j'ai perdues sont les deux dernières à cogiter sur le doctorat, à faire des petits boulots qui servaient pour moitié à financer mes besoins d'étudiante. Le fait de mettre un pied dans la vie active m'a montré qu'il était grand temps d'arrêter d'étudier et d'avancer. Et plus les journées passaient, plus je passais de temps sur mon manuscrit, plus j'avais l'impression que ça ne mènerait à rien. Et le peu que j'ai parlé avec mon tuteur ne conforte en rien l'idée d'un avenir là-dedans, mis à part lui mâcher le travail. Travailler sur une thèse sans bourse, c'est comme faire un 35h sans rémunération. A moins d'être passionnée et certain de la suite, y'a pas d'intérêt.
      Quant à me déprécier par rapport au Nhomme. C'est pas tant que je me déprécie. Je dirai que je jalouse sa vision de l'avenir. Il a été plus lucide que moi dans ses choix professionnels, il fait quelque chose "d'utile" et qu'il aime/sait faire, quelque chose avec lequel on peut vivre correctement. Moi je n'ai choisi que le critère de la passion (qui a disparue). Alors que je sais faire des choses utiles et que j'aime.
      Je pense que j'ai choisi la facilité en me lançant dans le doctorat. Pourtant, ça n'a jamais été facile les étapes dans ma vie, y'a toujours des détours, j'aurai dû le voir venir ^^

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  5. J'arrive après la guerre mais je t'ai lue avec attention. ça m'évoque plusieurs choses: le statut des doctorants en France qui est vraiment horrible (je ne le subis pas mais je suis en co-tutelle avec une université française et ça m'effare et me met en colère par rapport au côté humain de la thèse qui est déjà très dur quand tu es "reconnu" et que tu as un salaire), le fait que peut-être tu sentirais un apaisement si tu trouves quelqu'un à qui laisser ton manuscrit, pour passer le flambeau et reprendre cette recherche et enfin, l'envie de dire à quel point il est inutile (mais compréhensible)(mais inutile) de rester sur l'idée d'une perte de temps, d'un manque de perspicacité etc car il y a là, dans cette auto-critique plus coupable que productive, une quantité d'énergie incroyable qui s'en va à perte alors qu'elle pourrait te submerger pour te lancer vers la suite :)
    (j'ai bloqué pas mal d'énergie en auto-flagellation en début de thèse car elle m'angoissait tellement que je n'arrivais pas à travailler et l'auto-flagellation ne faisait que perpétuer ma paralysie... un cercle vicieux)

    Quoiqu'il ressorte de ce moment riche et douloureux à la fois qu'est cette remise en question, je te souhaite bon vent pour la suite !

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    1. Je suis tout à fait d'accord avec cette idée de cercle vicieux et d'auto-flagellation. Car, l'air de rien, même si je parais plus encline à abandonner ma thèse ( et j'y suis plus que décidée à force de rechercher les pour et les contre et les causes du ras-le-bol, bien que je n'ai pas encore informé mon tuteur, un reste d'hésitation qui m'empêche de tourner la page sans doute), ça m'énerve ... Ça m'énerve parce que pendant quelques mois, c'était un objectif clair et réalisable, et même excitant, alors qu'aujourd'hui il est hors d'atteinte et obsolète. Ça m'énerve aussi parce que, si j'avais mieux étudié la situation, si j'avais mieux observé mes propres réactions, je n'aurai sans doute même pas commencé.
      Mais je commence à relativiser. Mes réflexions ont été comprises par mes proches ce qui me pousse à avancer vers un nouvel objectif sans cette culpabilité oppressive qui me peser si lourd. J'ai encore quelques regrets (et d'avoir commencé, et d'arrêter en cours de route), mais relativement atténués par le fait que je vais rebondir pour chercher (et trouver?) mieux.
      Je me sens déjà plus légère d'avoir fait le constat que ce n'était sans doute pas la bonne voie, et c'est déjà pas mal ^^

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  6. Avant de passer le concours d'avocat j'ai eu des problèmes de santé qui m'ont conduite à reconsidérer mon choix. Alors j'ai tout arrêté comme toi, ne sachant pas ce que je voulais vraiment et me sentant capable de rien faire. Après plusieurs années à chercher d'autres voix, j'ai repris la mienne, j'ai visé moins haut pour ne pas forcer et pour l'instant j'en suis heureuse. COmme toi j'ai toujours eu un côté créa mais il fait le bonheur de mes loisirs, ça me change bien les idées. Petit àpeptit je progresse, je reprends ma vie en main grace à mon mari et je te souhaite d'arriver à en faire autant au fil du temps ! des bisous <3

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    1. Merci pour ton commentaire ^^
      Il est tout à fait possible que j'y reviennes un jour, et peut-être plus tôt que je ne le pense, après tout je me suis constituée un bagage que je ne peux ignorer et qui servira probablement un jour. Mais je dois avouer que j'ai besoin de changement après toutes ces années de stagnation dans ma vie. Et la créa est un changement radical. Je ne sais pas si ça marchera. Il est même très possible que je passes totalement à autre chose d'ici quelques mois, mais j'ai envie de tenter ! Car, en y réfléchissant, mis à part en amour, je me suis toujours contenté de suivre le chemin tracé. Et l'amour m'a pas mal réussi niveau aventure. Alors, j'ai envie de tenter l'aventure professionnelle, et on verra :)

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